Le sens caché des contes pour enfants : un voyage intérieur avant tout

Et si les contes que nous lisons aux enfants étaient bien plus que des histoires à dormir debout ?

1. Pourquoi les contes traversent les siècles

De génération en génération, les contes de fées se transmettent comme un fil invisible entre les époques.Pourtant, ils parlent toujours le même langage : celui de la peur, du courage, de la perte et du désir de grandir.

Derrière les loups, les sorcières et les princesses endormies, l’enfant reconnaît inconsciemment ses propres émotions.Les contes ne moraliseront jamais : ils offrent une expérience symbolique, une façon d’apprivoiser les zones d’ombre et de lumière de la vie intérieure.

« Les contes de fées, à la différence de toute autre forme de littérature, dirigent l’enfant vers la découverte de son identité et de sa vocation et lui montrent aussi par quelles expériences il doit passer pour développer plus avant son caractère. », écrivait Bruno Bettelheim dans Psychanalyse des contes de fées.

2. Le conte comme outil pédagogique et thérapeutique

Dans nos formations – qu’il s’agisse de devenir pédagogue innovant ou de se former à la thérapie de l’enfant et de l’adolescent –, le conte occupe une place essentielle.

Côté pédagogie :

Le conte développe :

• le langage symbolique, clé du raisonnement abstrait et de la pensée créative ;

• la capacité d’attention et d’imagination ;

• la construction morale par la métaphore, et non par la leçon.

L’enfant apprend à penser par images, à explorer sans danger des émotions complexes : la peur, la jalousie, la solitude, la mort ou l’amour.

Côté thérapie :

Le conte devient un outil projectif puissant :

• il donne une forme aux angoisses (le loup, la forêt, la maison vide) ;

• il reconstruit la confiance en montrant que chaque héros, même minuscule, finit par triompher ;

• il renforce le Moi en offrant une issue : traverser, affronter, se transformer.

En cabinet, le thérapeute peut ainsi demander à l’enfant :

“Si ton problème était un personnage de conte, qui serait-il ? Et que ferait le héros pour s’en sortir ?”

Cette question simple ouvre souvent des portes qu’aucune explication rationnelle ne pouvait franchir.

3. Le sens symbolique des grandes figures

Personnage	Symbole inconscient	Fonction pour l’enfant
Le loup	Pulsions, désir, instinct, peur du danger	Apprivoiser ses émotions et ses impulsions
La sorcière	Colère, jalousie, figure maternelle rejetée	Accepter ses sentiments ambivalents
Le prince / la princesse	Le soi idéal, l’élan vital	Espoir, transformation, maturation
La forêt	Inconscient, épreuve, confusion intérieure	Apprentissage de l’autonomie
Le trésor ou la lumière	Savoir, amour, conscience	Objectif du parcours initiatique

4. Lire, raconter… ou faire vivre le conte

Le conte n’est pas qu’un texte : c’est une expérience à vivre.Dans la pédagogie Reggio Emilia comme dans la thérapie par le jeu, raconter un conte peut devenir :

• une mise en scène sensorielle (ombres, objets, marionnettes) ;

• une création collective (les enfants réécrivent la fin, inventent un personnage) ;

• un outil d’observation émotionnelle (comment chacun réagit à la peur, à l’injustice, à la réparation).

Dans l’éducation comme dans la thérapie, le conte est un espace où l’enfant peut être à la fois auteur, héros et spectateur de sa propre histoire.

5. Pour aller plus loin

Dans la formation “Devenir pédagogue innovant”, vous apprendrez à :

• utiliser le conte comme levier d’apprentissage (langage, art, philo) ;

• concevoir des projets interdisciplinaires à partir de récits symboliques.

  
  

Et dans la formation “Thérapeute enfants / adolescents”, vous verrez comment :

• intégrer les contes dans une démarche d’accompagnement thérapeutique (projection, réécriture, jeu symbolique) ;

• aider l’enfant à réécrire son propre récit intérieur, en passant du “je subis” au “je deviens”.

6. En résumé

Les contes ne sont pas là pour endormir les enfants.Ils sont là pour les éveiller : à leur peur, à leur courage, à leur désir de grandir.

Ils rappellent aux adultes, pédagogues comme thérapeutes, que le sens de l’éducation n’est pas de tout expliquer, mais d’aider à symboliser.

Et que dans chaque “il était une fois”, il y a déjà un travail de réparation à l’œuvre.

Et enfin, nous vous recommandons ce podcast de France culture :